13.

Un peu avant l’heure prévue, Lola sonna à la porte de l’appartement. Ari lui cria depuis la cuisine que c’était ouvert et qu’elle pouvait entrer.

Les célibataires endurcis comme Ari Mackenzie ont deux choix, en cuisine. Soit ils se font livrer leurs dîners, réchauffent des plats surgelés ou passent leur temps dans les restaurants, soit, pour lutter contre la routine, ils deviennent des cuisiniers hors pair. Ari faisait partie de la seconde catégorie. Il était devenu, avec le temps, un véritable cordon-bleu et son seul défaut était d’être assez lent. Il prenait son temps, s’attardait à chaque étape, mais il concoctait des plats toujours différents, souvent inventifs. Lola et lui avaient même établi un petit jeu auquel ils ne dérogeaient jamais : il y avait dans l’entrée un carnet sur lequel la libraire donnait une note et livrait ses impressions sur le repas, chaque fois qu’elle venait dîner rue de la Roquette.

— J’ai piqué un côte-rôtie dans la cave de mon oncle, annonça la jeune femme en entrant dans le salon.

— Laisse pas sortir Morrison ! s’écria Ari dans la pièce adjacente.

— C’est bon, arrête de stresser comme ça, j’ai fermé la porte !

La jeune femme entra dans la cuisine.

— Ça sent bon…

— Merci, mais tu n’as rien à faire ici, tu sais que j’ai horreur qu’on me regarde cuisiner. Va plutôt déboucher ta bouteille et attends-moi dans le salon, j’arrive.

— OK, OK !

Lola attrapa le tire-bouchon et partit exécuter sa tâche. Puis elle s’affala sur le vieux canapé bordeaux, fatiguée par sa longue journée de travail.

Cela faisait deux ou trois semaines qu’elle n’était pas revenue chez Ari et elle sourit en voyant que rien n’avait changé. Toujours le même désordre.

Ari se moquait des apparences. En ce qui concernait ses vêtements ou la décoration de son appartement, il n’avait pas le moindre goût pour le luxe. Les deux seuls caprices que l’analyste s’était autorisés dans sa vie, c’était sa maison dans l’Hérault et sa voiture ; une MG-B cabriolet de 1968, vert anglais, qu’il gardait soigneusement dans un box de l’autre côté de l’immeuble et qu’il ne sortait qu’occasionnellement. Il avait emmené Lola en balade une ou deux fois et elle avait été étonnée du sourire de gosse qu’arborait Ari dans ces rares moments. À sa connaissance, il n’y avait que deux choses dans la vie qui donnaient à Mackenzie ce regard malicieux. Sa décapotable anglaise et les bonnes bouteilles de whisky écossais.

Le deux-pièces ressemblait à un appartement d’éternel étudiant, à la seule différence qu’il n’y avait pas d’ordinateur et que, Mackenzie vivant, il n’y en aurait sans doute jamais. Une seule des trois fenêtres du salon n’avait pas de jalousie et il faisait toujours assez sombre à l’intérieur. Cinq larges bibliothèques bondées emplissaient deux des quatre murs. Depuis plusieurs années elles ne suffisaient plus et les livres – dont la plupart avaient été achetés au Passe-Murailles – débordaient de partout, au-dessus des strates plus anciennes. Il y avait même des piles par terre et Lola s’était toujours demandé comment Ari pouvait s’y retrouver. Mais c’était un sujet tabou. On ne touchait pas aux livres de M. Mackenzie.

Dans un coin, entre deux bibliothèques, il y avait les deux guitares d’Ari. Sur les autres murs étaient accrochés quelques posters, essentiellement des clichés noir et blanc de grands photographes américains de la seconde moitié du XXe siècle. Ari avait horreur des tableaux. Surtout des natures mortes. Un jour, au musée d’Orsay, il avait fait pleurer Lola de rire en lâchant à voix haute devant une toile de Cézanne : « Quand je vois une nature morte, j’ai envie de l’enterrer. »

Les meubles, quant à eux, étaient tous dépareillés, récupérés à droite et à gauche au fur et à mesure des années, sans réel souci esthétique. En face du canapé trônait une immense télévision, encadrée de tours de DVD bancales, surchargées elles aussi.

Et puis, derrière la télévision, il y avait la grande armoire secrète. Du moins ce que Lola s’amusait à désigner ainsi. Ari y conservait tout ce qui concernait de près ou de loin son travail. Autant dire qu’il y avait là non seulement une incroyable collection de documents, de livres et de films sur les sectes, les religions, les sciences occultes, l’ésotérisme et l’alchimie, mais aussi des objets divers et variés touchant à ces domaines. Un véritable petit musée du mysticisme, d’autant plus incongru qu’Ari Mackenzie était un parfait cartésien, athée, allergique aux croyances populaires. Lola aimait d’ailleurs le taquiner avec ça, affirmant, juste pour l’agacer, qu’elle croyait fermement au surnaturel, ce qui était exagéré, bien qu’elle fût plus ouverte que lui sur ces questions. Ari démarrait au quart de tour et plus d’une fois elle s’était amusée à le rendre hystérique en lui racontant qu’elle avait une amie qui avait une amie qui avait assisté à un phénomène paranormal, ou tout simplement en faisant mine de lire devant lui son horoscope de la semaine.

Lola aimait cet appartement qui ressemblait bien à Ari : ses goûts personnels, sans fioritures, ses livres, le paradoxe entre son côté adolescent et ses habitudes de vieux célibataire. En même temps, elle le maudissait parce qu’il était le lieu qui symbolisait ce qu’elle n’aurait sans doute jamais avec lui. Un espace de vie commun. Une intimité à partager. Ari lui avait mille fois signifié qu’il ne voulait pas franchir le pas. Pourtant, elle sentait qu’il l’aimait, plus fort sûrement qu’il n’avait jamais aimé. Et elle, elle aurait donné n’importe quoi pour être enfin avec lui. Mais Ari, un jour, avait refermé la porte. Et elle ne comprenait pas vraiment pourquoi. Elle ne comprenait pas ce qui le retenait. Un soir, il lui avait dit qu’il ne voulait pas d’enfant. Elle avait répondu que ce n’était pas un problème pour elle, que ce qu’elle souhaitait, c’était lui et rien d’autre. Peut-être avait-il deviné que ce n’était pas tout à fait vrai. Que l’idée de ne jamais être mère effrayait Lola. Et que même si elle était prête à ce sacrifice, cela restait, malgré tout, un sacrifice. Ou bien était-ce autre chose, de plus profond, de moins explicite. En attendant, elle l’aimait, et la douleur silencieuse de devoir se contenter de cette amitié complice la chagrinait. Mais elle n’avait pas le choix.

Elle ne voulait pas le perdre.

Laissant glisser son regard de l’autre côté de la pièce, Lola remarqua un bouquet de fleurs roses aux larges pétales striés de fuchsia, glissé dans un vase et encore enrobé de papier de soie blanc. Ce n’était pas dans les habitudes d’Ari d’avoir des fleurs chez lui.

— C’est pour qui, les fleurs ? lança-t-elle en direction de la cuisine.

Ari apparut dans le salon avec des biscuits apéritif.

— Eh bien, c’est pour toi. Ce sont des orchidées. Enfin, un orchis papillon, plus exactement.

— Tu vas me faire croire que tu les as achetées pour moi ? se moqua la jeune femme.

— Oui.

Lola sourit.

— Je ne te crois pas, mais c’est gentil quand même.

Elle se poussa pour lui laisser une place. Ari s’assit à côté d’elle en grimaçant.

— Bon, alors, Ari, dis-moi ce qui se passe. Tu n’as pas l’air dans ton état normal.

Il s’enfonça dans le canapé, prenant garde à sa hanche endolorie. Il aurait aimé lui dire la vérité, déballer son histoire, mais il ne s’en sentait pas la force. Pas maintenant. Il avait envie de penser à d’autre chose et il ne voulait pas passer la soirée à jouer les victimes.

— Rien. Beaucoup de boulot, c’est tout.

Lola s’approcha et lui posa une main sur la cuisse.

— Elle est jolie ?

Ari leva les yeux au plafond.

— Ben quoi ? insista la jeune femme en souriant. Elle est jolie ou pas ?

— Écoute, franchement, Lola, je ne vois pas de quoi tu parles…

— Eh, oh, je te connais, mon vieux. Je te vois pas pendant des semaines, puis soudain tu réapparais, tout déprimé, et là, je trouve des fleurs dans ton appartement ! Tu me prends pour une idiote ? Tu t’es fait larguer, c’est ça ?

Ari sourit à son tour.

— Tu sais bien que je n’ai d’yeux que pour toi, Lola.

— Ouais, ben, dans ce cas-là, tu ferais mieux de me demander en mariage avant que je convole avec un autre !

— J’étais sûr qu’en t’invitant chez moi, j’allais pouvoir me changer les idées…

Il prit la main de Lola sur sa cuisse et la serra entre ses paumes.

— Ça faisait longtemps, murmura-t-il.

La jeune femme se laissa faire un instant, puis elle enleva sa main et se redressa sur le canapé.

— Alors ? On le boit, ce côte-rôtie ? Mon oncle va m’étriper quand il découvrira que j’ai piqué une bonne bouteille, alors autant la déguster dignement.

Ari se leva péniblement, partit chercher des verres et revint dans le salon, mais il s’installa cette fois en face de son amie, sur un fauteuil.

— Tu t’es fait mal quelque part ? demanda Lola en le voyant grimacer. C’est elle ? T’es tombé sur une griffeuse, c’est ça ? Une lionne ?

— Mais non ! C’est un chauffard qui a failli me renverser, je me suis un peu égratigné la hanche, c’est tout.

— Fais voir…

— Non, non, je t’assure, ça va.

Il prit la bouteille de vin et remplit leurs deux verres.

— Allez, à la tienne !

Après quelques verres, Ari parvint à changer de sujet de conversation et ils passèrent enfin à table.

Malgré le peu de temps qu’il avait eu pour préparer le repas, Ari n’avait pas failli à sa réputation. Amoureux des îles – où il avait promis à Lola qu’un jour il s’enfuirait avec elle –, il s’essayait régulièrement à la cuisine antillaise. Ce soir-là, il avait concocté un poulet au citron avec un peu d’ail et de piments, qu’il avait accompagné d’un gratin de légumes et d’un peu de riz blanc. Lola se régala et s’efforça de lui changer les idées en parlant littérature. Elle connaissait son amour pour Guy Debord et lui vanta les mérites d’une nouvelle édition commentée. Il se laissa entraîner avec plaisir sur ce terrain, plutôt heureux de penser à autre chose, au moins le temps d’un repas. En vingt-quatre heures, il avait découvert le cadavre de son plus proche ami et manqué mourir écrasé par un inconnu… La présence de Lola lui évitait de ressasser ; le répit ne serait néanmoins que de courte durée. Il n’était pas certain de trouver facilement le sommeil. Alors ils parlèrent encore de Dos Passos, de Faulkner, de Romain Gary et, comme toujours, Ari finit par réciter son laïus sur les auteurs français qui avaient depuis trop longtemps oublié d’être « aussi » des story-tellers, ce qui irritait Lola. Chaque fois qu’elle lui présentait un nouveau romancier national, Ari faisait la fine bouche en prétextant qu’il avait déjà lu ça quelque part et elle lui reprochait de bouder son plaisir, par snobisme.

À la fin du dîner, Ari se leva avec difficulté, à cause de sa hanche mais aussi parce qu’ils avaient vidé à eux seuls la bouteille de vin.

— Bon, je vais nous faire des cafés ?

Lola le regarda d’un air amusé.

— Je sais pas si c’est une très bonne idée que tu prennes un excitant… Je te préviens, c’est pas parce que t’as l’air triste et vulnérable ce soir qu’on va baiser pour autant, hein ?

— Très drôle ! Tu veux un café, oui ou non ?

— Avec deux sucres.

Il se dirigea vers la cuisine, mais alors qu’il passait devant la dernière fenêtre du salon, il s’immobilisa.

— C’est pas vrai ! lança-t-il, stupéfait.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Ari ne répondit pas et se précipita dans l’entrée. C’était comme s’il était dégrisé d’un seul coup.

— Qu’est-ce que tu fous ?

Il s’arrêta devant la commode, ouvrit le premier tiroir et en sortit son 357 Magnum qu’il glissa dans sa ceinture, puis il sortit sur le palier sans donner d’explication à son amie et descendit les escaliers en trombe. Une fois en bas, il traversa la cour obscure à toute vitesse, la poitrine fouettée par le vent glacial, ouvrit le porche et bondit sur le trottoir.

Mais la voiture n’était plus là.

Pourtant, il était certain de l’avoir vue. Là, garée en bas de chez lui. La longue berline américaine marron. Il ne pouvait pas s’être trompé : il avait même eu le temps de vérifier la tôle froissée à l’endroit où la caisse avait tapé.

Ari fit quelques pas sur le trottoir, se hissa sur la pointe des pieds, mais non. Elle avait bien disparu. Il jura et remonta dans son appartement.

— Ça va pas, non ? Mais qu’est-ce qui t’a pris ? T’es gonflé, quand même !

Lola l’attendait, debout dans l’entrée, les bras croisés.

— J’ai cru voir un fantôme.

— Qu’est-ce que c’est que ces conneries ?

— Rien, je t’assure, laisse tomber. Ferme vite, le chat va sortir.

Lola fronça les sourcils. Depuis qu’elle connaissait Ari, elle ne l’avait jamais vu aussi nerveux. Il avait beau n’avoir rien dit, elle devinait qu’il se passait quelque chose de grave.

— Tu veux venir dormir à la maison, Ari ?

— Non, non.

— Tu es sûr ?

— Certain. Je t’appelle un taxi. Ne t’inquiète pas pour moi.

— Tu ne vas pas m’appeler un taxi, j’habite à deux minutes de marche !

— Alors je te raccompagne.

— Non. Tu es crevé, t’as vraiment pas l’air dans ton assiette, mon vieux. Je peux rentrer toute seule, je te remercie. Mais promets-moi de te reposer un peu, d’accord ?

— Je te raccompagne jusqu’en bas.

Lola enfila son manteau et s’apprêta à sortir.

— Attends !

Ari fit demi-tour et retourna dans le salon. Il revint avec le bouquet.

— Tu as oublié tes orchidées.

La jeune femme prit les fleurs en souriant, puis ils descendirent ensemble au pied de l’immeuble. Là, Ari la serra fort dans ses bras. Il aimait tant la sentir blottie près de lui, sentir sa petite poitrine écrasée contre son cœur, son souffle dans son cou. Il recula la tête et résista à une terrible envie de l’embrasser sur la bouche, comme ils l’avaient fait mille fois dans le passé. Lola dut s’en rendre compte et se dégagea.

— Prends soin de toi, Ari, et appelle-moi vite, OK ?

— Promis.

La jeune femme s’éloigna, le pas mal assuré. Il la regarda jusqu’à ce qu’elle disparaisse au bout de la rue.

Hanté par les images des deux derniers jours, il ne trouva le sommeil que très tard.

 

Le rasoir d'Ockham
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